Tribunes des personnels des urgences de strasbourg

Publié le par Syamak AGHA BABAEI

La Santé : un service public en danger

 

Médecins, infirmier(e)s, aide-soignant(e)s, mobilisés de longue date pour améliorer la qualité de la prise en charge des patients aux urgences, nous tenons aujourd’hui alerter nos concitoyens et  les pouvoirs publics sur la situation des services d’urgences des hôpitaux universitaires de Strasbourg.

 

En effet depuis plusieurs mois la situation se dégrade. Au manque chronique et conjoncturel du personnel soignant et médical, s’ajoutent une pénurie des lits d’hospitalisation de court séjour, l’absence d’une véritable permanence de soin de la médecine de ville alors que le nombre de passage aux urgences ne cesse de croître.

 

Comment tolérer qu’une patiente de 90 ans passe plus de 24h sur un brancard inconfortable aux urgences, en attente d’un lit ? Comment accepter, au-delà du temps d’attente, qu’il existe un délai de 3 à 4 heures pour voir un médecin puis parfois autant que pour les soignants exécutent les soins prescrits ?

 

Nous manquons de médecins, d’infirmiers, d’aide-soignants, de brancardiers ; tout cela est bien connu depuis des mois de la direction des HUS, mais à nos demandes, on oppose souvent comme réponse la pénurie budgétaire.

 

Une vision purement comptable de la santé a conduit les gouvernements successifs à réduire l’offre d’hospitalisation de court séjour, en disant que la santé a un coût. En attendant ceux qui le payent et parfois au prix de leur vie, ce sont les patients.

 

Une politique  clientéliste a accepté de dispenser la médecine de ville de sa mission de permanence des soins, contribuant à l’engorgement des services d’urgences.

 

Enfin, la mise en concurrence des hôpitaux publics et des cliniques privées organise le déficit budgétaire. Tandis que le public s’occupe et à juste titre de tous, le secteur privé (sans mettre tout le monde dans le même panier), n’accepte que les patients dits « rentables »…pendant ce temps les pouvoirs publics rémunèrent de la même manière le pôle public et le pôle privé. A ce jeu, il ne sera jamais rentable de soigner, une grand-mère de 85 ans qui ne peut plus rester à la maison, pas plus que le SDF ou le demandeur d’asile…

 

C’est bien une question de société, un choix qui nous est posé : Veut-on préserver un service public de santé de qualité accessible et ouvert à toutes et tous ? Qui peut accepter de voir un proche mourir aux urgences, faute de moyens ?

 

Les personnels médicaux et soignants des urgences ne veulent plus se taire devant cette situation. Nous aimons notre métier, l’accueil de tous, les soins pour tous,quelque soit leur origine, qu’ils soient pauvres, riches, chômeur, cadre sup, nous voulons donner le meilleur.

 

Lorsque toutes les lumières s’éteignent dans notre ville, il reste un endroit où des dizaines de personnes s’activent pour soigner de la manière la plus professionnelle et la plus humaine nos malades. Et cet endroit c’est les urgences...

 

Médecins et soignants des urgences des HUS

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